canne à sucre |
(bienvenue
au Paraguay en guarani, langue officielle du pays)
Ça y est, après 2000km de montée et
2000km de descente, nous voilà sorties de ce grand pays qu'est le Brésil ! Mais
avant de vous en dire d'avantage, petit retour en arrière à Riberao Preto où
nous vous avions laissé la dernière fois.
A notre arrivée dans l'état de Sao Paulo,
nous découvrons d'immenses plantations de canne à sucre. Mais quand nous
parlons d'immenses, il faut vous imaginer des centaines et des centaines de
kilomètres de canne à sucre à perte de vue.
Projection dans la "concha acoustica" |
A 85km de Riberao Preto, nous sommes
accueillies dans la famille de Lucas à Bebedouro. Nous avions contacté Lucas
par couch surfing quelques jours auparavant. Cinq minutes après notre arrivée,
nous sommes déjà invitées à rester le lendemain !
Le soir, nous réalisons une projection
sur la place centrale dans ce qu'ils appellent la "concha acoustica",
un grand coquillage ayant la propriété d'amplifier naturellement le son.
Quelques amis de Lucas sont présents et les passants intrigués s'arrêtent pour
pédaler et poser des questions.
Avec Lucas et sa mère |
Le lendemain, la mère de Lucas nous
emmène découvrir la ville de Bebedouro qui n'a plus aucun secret pour nous !
Tout d'abord, nous éclaircissons le mystère sur l'origine du nom Bebedouro qui
ne vient ni d'un bébé tout dur comme pensait Maylis, ni d'un bébé en or comme
avait parié Lucia mais tout simplement du mot "abreuvoir" en
portugais ! Lucia lui demande pourquoi est ce que le miel est si cher au Brésil
? La mère de Lucas lui répond : " ici, ils envoient les pesticides par
avion, alors ça n'est pas rare que ça déborde et les abeilles meurent"...
Petit passage par la radio locale où un
journaliste moyennement inspiré nous pose deux trois questions sans rapport
aucun avec le voyage.
Nos amis de l'Educandario devant leur baobab |
Nous rendons ensuite visite à
"L'educandario", une école religieuse s'occupant d'enfants ayant des
difficultés familiales. Nous réalisons une projection avec un groupe d'une
trentaine d'élèves très curieux. Nous leur montrons quelques photos du voyage
et devant une photo de baobab au Sénégal, tous s'exclament "nous en avons
un dans le jardin" !
Projection à l'université de Bebedouro |
Le soir, nous réalisons une 3ème
projection à l'université de Bebedouro . En y allant, nous ne nous attendions
pas à être reçues dans un amphithéâtre bondé. Grande ola des 300 étudiants qui
nous attendaient ! Un vrai challenge d'animation pour le cin'énergie. Nous
projetons notre court métrage et quelques photos et répondons au mille
questions des étudiants. Avant de partir, une bonne cinquantaine d'entre eux nous mitraillent
de photos avec leurs portables. Nous sortons de la projection à 22h et sommes
surprises par le fait que les cours continuent ! On nous explique que beaucoup
d'universités au Brésil n'ouvrent que la nuit. Celle ci fonctionne entre 19h et
minuit pour permettre aux étudiants de travailler pendant la journée.
Après Bebedouro, nous avions repéré une
route secondaire qui paraissait parfaite mais qui s'avère très inégale selon
les tronçons : certains sont bourrés de camions sans bande latérale et d'autres
bien tranquilles.
Fatima et sa petite fille Wilma |
Quelques kilomètres avant Lins, nous
campons dans le jardin de Fatima et sa famille. Le mari de Fatima travaille
pour un grand propriétaire de quelques 300 fermes spécialisées dans l'engraissage
de boeufs. Après avoir gambadé dans les champs leur vie durant, les petits
boeufs entrent dans la ferme où ils sont logés en pension complète : en trois
mois les 1500 boeufs de l'établissement passent de 200 à 1200kg ! Fatima nous
raconte qu'en sortant, certains ne peuvent même plus marcher. Au menu : farine
de maïs, os de boeufs broyés, résidus de canne à sucre, beaucoup de sel et
beaucoup d'eau. Avant on leur mettait une boucle d'oreille de la taille d'un
ongle et ils grossissaient tout seuls grâce aux hormones qu'elle contenait, maintenant c'est 100%
naturel insiste Fatima, à la limite du bio dirait Monsanto ! Une grande partie
de la viande part ensuite pour l'exportation en Inde où ils ne mangent pas
leurs propres vaches, en Arabie Saoudite, partout partout. De quoi enrichir
certains Brésiliens qui deviennent multi millionnaires.
Maison de Fatima |
Fatima nous parle également de son fils
camionneur qui bien souvent prend une pastille magique qui lui permet de ne pas
dormir pendant 3 jours d'affilée. Un jour, sa fille a sucé le médicament en
pensant que c'était un bonbon et elle n'a pas pu fermer l'oeil pendant 2 jours.
Si elle l'avait avalé, elle serait sûrement morte nous raconte Fatima,
"comme le camionneur que nous avons retrouvé en face, on pensait qu'il
dormait mais après deux jours, on a été voir et on s'est rendu compte que son organisme
n'avait pas supporté la pastille...". Pas de quoi nous rassurer en tant
que cyclistes !
Chouette terrier |
Ibis |
Avec Aucenir et sa copine |
Après 113km de montées et descentes
interminables et un ferry pour traverser le fleuve Piracicaba, nous arrivons de
nuit chez Aucenir à Tupa. Encore une fois, nous sommes reçues chez l'habitant
grâce à couch surfing. Nous restons une journée chez lui et sa copine pour
participer à leur pendaison de crémaillère. Aucenir travaille dans une
entreprise de photo spécialisée en album photo de fin d'étude. Il nous raconte que
la ville de Tupa est la capitale de ce type d'album et qu'il leur arrive de
faire 2000km pour aller prendre des photos. Mais le plus impressionnant c'est
le prix : jusqu'à 3500 euros ! Et tous les élèves payent, c'est la tradition...
La mère d'Aucenir nous raconte que
l'urbanisme du centre ville a été pensé pour représenter le drapeau du Brésil
que l'on peut voir depuis google maps. Nous lui demandons si Tupa est une
vieille ville ? Elle nous répond "oui, elle a 58 ans !" Pas tout à
fait la même conception de ce qu'est une vieille ville mais impressionnant tout
de même que 70 000 personnes vivent dans une ville de seulement un demi siècle.
Petite projection avec les amis d'Aucenir
dans la soirée.
La tête dans les nuages |
Après une journée sous la pluie, nous
arrivons à Rancharia dans la famille de Nathalia, grâce à Couch surfing
toujours. Tous sont très curieux et nous leurs montrons quelques photos du
voyage.
Dans la famille de Nathalia |
Mort d'un Schwalbe marathon... |
Récolte du soja |
Récolte terminée ! |
Les jours suivants sont plus difficiles :
difficiles à cause du trafic intense de camions de soja, routes sans bande
latérale qui nous font penser à la BR 116 du nord de Bahia qui nous avait
tellement fait peur. Combien de fois sommes nous obligées de nous jeter au
dernier moment dans le fossé pour éviter le camion en train de doubler qui nous
fonce dessus à 120 à l'heure. Difficultés également pour trouver à dormir dans
des propriétés immenses. Nous finissons par nous cacher dans des champs de
canne à sucre et de soja pour dormir. En ville, impossible de trouver une famille qui nous
accepte dans son jardin. Les gens vont même jusqu'à nous dire "ici, dans
ce village, on n'a pas un grand cerveau du coup on est très méfiants, désolés
!".
Nous arrivons sur la BR 272, dernière
ligne droite avant la frontière, Une fois de plus le trafic de camions est
incessant. Nous passons un bouchon de 8km dans un sens et 8km dans l'autre
seulement à cause d'un camion bloqué au milieu de la route en raison d'un
problème technique. Nous sommes impressionnées par ces Brésiliens capables
d'attendre des heures sans broncher alors que nous cyclistes, on nous klaxonne
si on fait perdre quelques précieuses secondes aux chauffeurs !
Camping-canne |
Paulo notre ami camionneur |
Après 4 jours sans se laver, la peau
cachée par un mille-feuille de crasse, crème solaire et anti moustique, nous
capitulons : à quoi bon passer la journée à monter et descendre en râlant et
dormir en camping sauvage avec la tête qui explose du bruit des camions qui
profitent de la nuit pour rouler plus tranquillement. A Cianorte, nous accélérons
donc notre sortie du Brésil en mettant les vélos dans un camion qui nous laisse
à 20km de la frontière. Nous passons le fleuve Parana en ferry, et oui, le pont
qui traverse le fleuve est tellement grand qu'il est interdit au cyclistes !
Bienvenue au Paraguay ! |
Premier bivouac au Paraguay |
En arrivant au Paraguay, Maylis tente de
faire tamponner son passeport pour ne pas qu'on lui fasse de problèmes à la
frontière Argentine. Nous allons donc chercher le douanier (le douanier, il
faut le chercher littéralement sinon personne ne contrôle rien du tout). Une
fois trouvé, ce dernier refuse de tamponner le passeport de Maylis sous
prétexte qu'elle n'a pas le tampon de sortie du Brésil... Il va falloir que
vous retourniez au Brésil chicas ! Pas aujourd'hui. Nous passons la soirée dans
un petit hôtel du côté Paraguay. 100 000 guaranis la nuit, de quoi nous faire
ouvrir des yeux ronds. Après conversion, cela revient à 20 euros, tout de même
deux fois plus cher que notre standard brésilien.
Salto del Guaira, ce ne sera pas le grand
amour. Nous avions vu tant de pub de shopping paraguayens que l'on s'était dit
que nous y resterions peut être une journée pour faire des emplettes. En une
heure, Lucia fait le tour du centre ville. Elle entre dans un magasin
d'appareils photo d'après le panneau mais qui ne vend que des parfums toc à
l'intérieur.
Pour faire les choses bien, Maylis décide
de retourner à la frontière du Brésil pour faire tamponner son passeport.
Après 10km de centres commerciaux nous arrivons à la frontière où personne n'est
habilité à apposer le dit tampon. "Il faut retourner à la ville de
Guaira du côté brésilien". Merci mais on ne peut pas passer le pont à vélo
! Maylis retourne donc au Brésil en stop direction la police fédérale. En
arrivant à 11h45 elle trouve tout fermé, il faut retourner à 14h30 ! Maylis
part rejoindre Lucia qui l'attend à la frontière de l'autre côté du pont. Les
policiers n'en reviennent pas que ce soit si compliqué. A 14h30, Maylis
traverse pour la 3ème fois le pont et revient avec le tampon salvateur ! Nous
repensons à notre ami Idrissou rencontré au Sénégal en nous disant que lui
aussi aurait pu arriver jusque là sans que personne ne le contrôle une seule fois !
Tampon du côté Paraguay. Nous repartons alors que le Brésil se prépare à une grève générale contre la présidente
Dilma élue il y a à peine 5 mois. Difficile de prendre part à ce débat mais de
ce que nous avons pu discuter avec les gens, le monopole de l'information par
la chaine de télévision Globo n'aide pas les Brésiliens à cultiver leur esprit
critique...
Dans la famille de Marcial et Lila |
Au Paraguay, nous sommes ravies de pouvoir
parler espagnol et de pédaler sur des routes beaucoup plus tranquilles :
beaucoup moins de camions et une bande latérale très large. Si les montées et
descentes continuent, la route est tout de même plus plate. Lucia retrouve
également le sourire devant les étalages immenses de maté, mais ici, ils le
boivent froid, c'est le térêré.
Le Paraguay semble être également un pays
très agricole : soja, maïs, canne à sucre, etc. Toutes les cultures sont
destinées à l'exportation, tant et si bien que le Paraguay ne produit plus de
fruits et légumes pour sa propre consommation ! Tout est importé d'Argentine
ou du Brésil et la pomme se vend à l'unité nous racontent Marcial et Lila chez
qui nous dormons le deuxième soir.
Et nous voilà à 1400 km de Tucuman et à
350 km de la frontière Argentine, ça sent la fin !